Thermes de Lectoure : la justice appelée à trancher un contrat brûlant

07 octobre 2025 - 14:22

À Lectoure, l’eau thermale ne jaillit pas seulement des profondeurs : elle fait remonter à la surface un conflit politique et économique. Entre un ancien maire qui défend « un moteur essentiel » et l’actuel premier édile qui dénonce « un contrat déséquilibré », l'exploitation du thermalisme divise et les yeux sont désormais tournés vers la justice. 

À Lectoure, les eaux chaudes qui ont -en partie- fait la réputation de la ville depuis trente ans, bouillonnent aussi dans les couloirs de la mairie. Derrière le calme apparent des thermes et de l’hôtel des Doctrinaires se joue un bras de fer entre la municipalité et Valvital, l’exploitant historique, autour d’un contrat jugé déséquilibré. « Je ne peux le dire qu’avec modestie : nous avons réussi à ouvrir les thermes après trente ans de travail », confie Gérard Duclos, maire honoraire de la ville, invité à commenter ce dossier qui le concerne depuis 1989.

Il aura mobilisé élus, habitants et partenaires jusqu’à l’ouverture des thermes et de l’hôtel des Doctrinaires. « Le thermalisme, rappelle-t-il, a permis à la ville d’économiser sur d’autres postes, finançant un stade de rugby, un dojo et plusieurs équipements sportifs ». En chiffres : près de 1 000 curistes chaque année, 21 000 nuitées, 78 000 € de taxes dont 16 000 € de taxe de séjour, 10,5 millions d’euros investis par Valvital, et plus d’un million d’euros de recettes du casino entre 2021 et 2024. « Le poids des curistes est important. Fermer ou fragiliser cette activité serait une grave erreur politique. Si la convention n’est plus adaptée face au coût de l’énergie, il faut simplement la renégocier. C’est très facile à faire. »

« Le contrat n'est pas équilibré »

Mais pour Xavier Ballenghien, la convention signée en 2019 n’a plus lieu d’être. Le texte prévoit que Valvital verse 20 000 € par an à la commune, qui prend en charge la maintenance du forage et surtout la facture électrique, estimée entre 80 000 et 100 000 € annuels. « Même avec une électricité pas chère, le contrat n’est pas équilibré, insiste-t-il. Il n’est pas question que l’argent des Lectourois serve à financer le fonctionnement d’une entreprise privée. » S’il rejoint Gérard Duclos sur un point : « Je partage son avis, il faut renégocier », le maire entend replacer la charge sur l’exploitant. « Valvital est une activité privée, elle doit respecter certaines règles. Je suis ouvert à la discussion mais je veux que le contrat actuel évolue. » Et de glisser une proposition. « J’aimerais que la saison thermale s’ouvre aussi l’hiver : c’est à ce moment que les Lectourois ont envie de se plonger dans l’eau chaude. »

Au-delà des procédures, l’enjeu reste celui du rayonnement de cette petite ville de 3 700 habitants. Gérard Duclos, appelle à « défendre ce patrimoine et refuser l’asphyxie de la cité » quand Xavier Ballenghien, l'actuel maire, s’en remet au juge : « Le tribunal peut jouer un rôle de médiateur. » Le verdict est attendu ce mois-ci.


N.M

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