Gers : le Québec s'improvise à Auch

Auch théâtre de l'improvisation. Le Théâtre de l'hôtel de ville accueille ce mercredi un duel sur les planches entre les Québécois de la LNI et les Gersois du Projecteur d'Instants. Un match où la scène se crée sur l'instant, devant un public participant.

Une expérience qui commence à sentir le bon rechauffé, celui du petit mijoté qui prend en valeur gustative à chaque retour dans l'assiette ou du tiramisu (froid) dont la meilleure partie se trouve dans le dernier coin du moule. On n'assiste jamais deux fois à la même pièce de théâtre, encore moins quand la pièce est un match d'improvisation. Pour la quatrième fois ce mercredi Auch et son Projecteur d'Instants reçoivent leurs homologues québécois de la Ligue Nationale d'Improvisation, pour une soirée rythmée par les scènes courtes et les votes du public, juge de l'issue de la rencontre amicale. « A la fin de chaque impro il va donner son avis ''selon lui, quelle est l'équipe qui a le mieux improvisé ?'', et lever son petit carton de vote » explique Jonathan Pratte, coordinateur de l'association organisatrice du Projecteur d'Instants. Une particularité du théâtre d'improvisation, qui s'éloigne de la rigidité formelle du classique.

«  Il y a vraiment un sens des Québécois à se mettre en scène »

« L'improvisation c'est beaucoup d'essais. On essaye, on tente, on ose, sans objectif. C'est juste ''sur le moment j'essaye ça'', sans attentes autres que de me laisser traverser par ce qui va arriver. Et ce qui va arriver c'est l'autre ». Contrairement au théâtre classique où les carcans de l'auteur et du metteur en scène ne laissent que peu de place à la créativité du comédien, l'improvisation place pour sa part les acteurs face à une page blanche. Pas de texte ni d'entrée en piste convenue par un script souvent séculaire, hormis les consignes de l'arbitre (vêtu d'un haut noir et blanc à l'image des referees du hockey sur glace il donne la durée, les contours, et le ''thème'' de chaque improvisation) rien ne limite la trajectoire de chaque histoire à écrire sur scène. En duo ou en groupe, entre comédiens d'une même équipe ou avec les adversaires, de manière libre ou inspirée d'une comédie musicale, les improvisations s'enchainent – rarement plus de cinq minutes par saynète – avec leur propre trame, leurs personnages et leur univers, qui disparaissent aussi vite qu'ils étaient apparus dans la spontanéité du moment.

« Dans l'improvisation il y a une part d'échec, on ne peut pas être parfait. On ne peut pas égaler Shakespeare en écrivant spontanément. Il y a une part de non-réussite à laquelle on est habitué, sur laquelle on travaille » reconnaît Jonathan Pratte. La part des anges du jeu d'impro, source aussi d'un autre rapport au public, qui loin d'attendre une machine bien huilée, sait aussi rire des situations d'incompréhension, « de surprise, de couac » sourit le coordinateur. Comme d'attendre « quelque chose de plus émouvant car les comédiens peuvent être amenés à se dire des vérités sur scène. On ne sait jamais trop quelle est la part de l'acteur et quelle est la part du personnage au final ». Les deux équipes ne se connaissant pas, l'alchimie constitue aussi un équilibre à trouver. « Il y a vraiment un sens des Québécois à se mettre en scène différent de chez nous. Ca apporte une richesse incroyable entre deux cultures, française et même du Sud-Ouest, et du Québec ». Dont acte, enfin ... 3, 2, 1, impro.

C.P : Le Projecteur d'Instants

V.M