Violences à l'égard des femmes : "Des choses restent à faire" selon Gaelle Lafargue

25 novembre 2021 à 17h54
Trois collectifs appellent au rassemblement samedi dès 10H30 à Auch, dans le cadre de la journée internationale contre les violences à l'égard des femmes. Les trois groupes féministes gersois prévoient un rassemblement statique avec plusieurs actions sur le parvis de la cathédrale. Selon Gaëlle Lafargue, du collectif des sorcières mal braisées, le gouvernement doit en faire davantage.
 
 
Comment vont s'articuler ces actions ?
Chaque collectif organisera son action. Par exemple, le planning familial 32 fera un recueil de témoignages, baptisé « Je te crois », avec des survivantes d'agressions sexuelles. Le café féministe évoquera aussi les porteuses de parole. Ces femmes qui subissent des violences de tous les jours, des remarques sexistes avec une charge mentale très lourde.
 
Quel bilan peut-on porter sur ces violences depuis 2019 et le début de la crise sanitaire ?
Aucune amélioration, au contraire. Elles ont augmenté de 10 % depuis 2019, les chiffres ont explosé suite aux trois confinements. Je préfère parler de violences intrafamiliales puisque les enfants ont aussi subi des violences.
 
On a vu ce matin cette opération des pochettes à pain où des numéros d'urgence sont inscrits dessus, la mise en place du téléphone grand danger. C'est suffisant ?
Pas du tout. Pour rappel, notre ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, est impliqué dans une affaire de viol et n'a jamais été condamné. Il y a une culture du viol dans ce gouvernement. Beaucoup de paroles mais pas assez d'actions et de moyens mis en place.
 
L'ancien procureur de la République, à Auch, Charlotte Beluet avait été la première en France à évoquer le terme de féminicide. Il y aussi désormais dans le Gers ce téléphone grand danger qui a permis d'interpeller des individus.
Ce n'est pas inutile mais cela dit, ce n'est pas assez. Les victimes ne sont pas très écoutées dans les commissariats, c'est laborieux. Il doit y avoir un meilleur accueil. Progressivement on y arrive mais il y a un manque de moyens quand même si l'on compare notre situation à celle de l'Espagne. Depuis quinze ans, des moyens énormes ont été octroyés avec un vrai effet sur la population. Par exemple, ils ont créé des cours de justice consacrés à ces affaires. Nous, on en est loin.
 
La situation a quand même évolué en 30 ans.
Oui, grâce aux collectifs féministes mais le nombre de féminicides ne baisse pas pour autant. C'est mieux, mais ce n'est pas assez.
 
La libération de la parole grâce au #Metoo a aidé les femmes. Que reste t-il aujourd'hui de ce mouvement ?
On a vu une nouvelle vague féministe en France et dans le monde grâce à ce mouvement. Mais désormais, c'est un nouvel hashtag qui est très repris. Le #doublepeine. Il explique comment les femmes sont reçues au commissariat, rarement crues et le traumatisme lié aux violences qu'elles ont subi. C'est une double peine.
 
Les manifestations réunissent aussi beaucoup d'hommes. Certains d'entre eux sont aussi victimes de violences conjugales. Vous les inciter aussi à pousser la porte du commissariat.
Oui, bien que les victimes sont majoritairement des femmes. Pour elles, ce sont des violences systématiques qui découlent de la culture patriarcale et sexiste de la société. C'est regrettable pour les hommes mais c'est différend.
N.M
 

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