Soldes d'été 2020 : un bilan contrasté pour les commerçants auscitains

14 août 2020 - 07:55

C'est déjà la fin des soldes d'été. Pour la deuxième année consécutive, le format de ces soldes estivales est raccourci passant de 6 à 4 semaines. Reportée au 15 juillet cette année à cause du COVID-19, la traditionnelle période de remises s'est tenue dans un contexte particulier de crise économique et sanitaire. Après une période très difficile en raison du confinement, les commerçants comptaient sur ces soldes pour reconstituer les trésoreries, relancer la consommation ou encore écouler les stocks. Ce triple objectif a-t-il été atteint ? A l'heure du bilan, le compte-rendu est mitigé du côté des commerçants auscitains. Entretien avec Jean Tapie, directeur d'Intersport à Auch et co-président de l'association des commerçants du Grand Chêne et avec Karine Sobinski, gérante du magasin Yves Rocher et présidente de l'association des commerçants d'Auch.

Quel bilan tirez-vous de ces soldes d'été 2020 ?

Karine Sobinski, gérante d'Yves Rocher et présidente de l'association des commerçants d'Auch. "Les premiers retours que j'ai ce n’est pas fantastique. Les soldes cette année beaucoup de gens n'ont pas été au courant. On est toujours habitué à que ce soit au mois de janvier pour les soldes d'hiver et fin juin-début juillet pour les soldes d'été. Puis c'est vrai que depuis la réouverture mi-mai, certains magasins ont fait des prix pour vider leurs stocks puisqu'on a eu le droit à des autorisations. Donc, je pense malheureusement que le stock d'été ils l'ont encore dans les magasins après ces soldes."

Jean Tapie, directeur d'Intersport et co-président de l'association des commerçants du Grand Chêne. "Avec ce contexte anxiogène, on pouvait s'attendre au pire. Alors certes, ça ne sera pas une année à marquer dans les annales, mais on a limité la casse. Et cela nous permet de rebondir vers un autre moment qui va être déterminant pour cette reprise le mois de septembre avec la rentrée des classes en espérant bien sûr qu'il n'y ait pas de nouveaux obstacles à ce retour à une normale."

Malgré ce bilan mitigé, est-ce vous ressentez ce retour des consommateurs vers les "commerces de proximité" ?

Karine Sobinski. Oui je ressens également en tant que commerçante ce retour au local, c'est un autre comportement dans la consommation. Les clients ont besoin de conseils, d'être chouchouté. Si on a beaucoup moins d'entrants dans les magasins, les personnes qui rentrent par contre consomment beaucoup plus, on a +30% sur le panier moyen.

Jean Tapie. "Les gens ont pris conscience qu'il y avait un retour à certaines valeurs aux magasins, à la promité. Ensuite aux vertus de l'écologie. On ne veut plus consommer des produits qui viennent du bout du monde, qui génèrent une empreinte carbone très importante. Donc effectivement nous avons senti fortement au niveau de l'alimentaire, mais même au niveau d'autres produits, que le made in France est revenu d'actualité et encore plus fort."

Le déclin des soldes ne date pas d'aujourd'hui, face à cette situation, une question se pose, faut-il les conserver ?

Karine Sobinski. Je ne suis pas la mieux placée pour répondre à cette question, car avec ma franchise on fait très peu de soldes. Cette année, ça aurait été mieux, je pense, de les mettre après le 15 août, laisser tout l'été tranquillement et les mettre juste avant la rentrée. Mais, après je pense qu'il faut les garder. On les a déjà réduites sur 4 semaines. Mais après pourquoi pas faire un questionnaire pour sonder les citoyens et commerçants sur le sujet."

Jean Tapie : C'est un grand débat, ça fait de nombreuses années qu'on l'aborde. Il a fallu déjà beaucoup de temps pour passer de 6 semaines à 4 semaines. Aujourd'hui quelle va être l'orientation ? C'est un débat qui dépasse largement le commerce local, il faut le voir au niveau national. De nombreux paramètres viennent influer là-dessus. Je pense que se priver des soldes aujourd'hui du jour au lendemain ça sera très difficile. Il y a eu un pas en avant qui a été fait en diminuant la durée de ces soldes, mais pour l'instant c'est encore trop inscrit dans l'ADN de nos consommateurs et c'est un moment important également pour rythmer nos saisons, donc je ne vois pas comment on pourrait s'en priver.

 

Des propos recueillis par E.R

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