Crise Agricole : « le compte n'y est toujours pas » pour la présidente nationale de la CR en déplacement dans le Gers ce jeudi

25 avril 2024 à 18h18

C'est dans un département où la Coordination rurale s'est montrée très active ces dernières semaines en multipliant les actions coup de poing pour dénoncer la politique agricole du gouvernement, que Véronique le Floc'h, la présidente nationale de la Coordination rurale, s'est rendue ce jeudi 25 avril. Après un déplacement au siège national du syndicat, installé provisoirement à Gimont, suite à l'incendie de leur local à Auch en août 2022, la présidente du deuxième syndicat agricole du pays s'est rendue à Sarran sur l'exploitation de Jacques Candelon, éleveur de canards, pour échanger avec une cinquantaine d'agriculteurs de la Coordination rurale du Gers, et des départements limitrophes, sur les problématiques locales et faire le point sur les dernières annonces gouvernementales et européennes.

Lors d'un discours à la Sorbonne sur l'avenir de l'Union européenne ce jeudi, le Président de la République, Emmanuel Macron, a indiqué que la colère des agriculteurs qu’a connue l’Europe ces dernières semaines « n’est pas contre l’Europe », comment réagissez-vous à cette déclaration ?

Véronique Le Floc'h : "Au sein de la coordination rurale, la colère des agriculteurs est autant tournée vers la France que vers l'Europe, puisque la France surtranspose ce qui est décidé au niveau européen. Aujourd'hui, la crise agricole touche toute l'Europe, avec une politique agricole commune (PAC) qui tue l'agriculture. Donc pour reprendre le président Macron, on est bien contre l'Europe et contre la France également qui surtranspose."

Pour apaiser la colère agricole, le parlement européen a adopté hier une révision de la PAC, est-ce suffisant ?

"C'est une révision qui a été adoptée à la légère. On repart sur un an avec une simplification vraiment à la marge. Dès le début de la crise, on a demandé au ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, de se rendre au parlement européen pour demander à ses homologues de mettre sur la table toute cette politique agricole et de repartir sur une révision totale de la PAC. Cette PAC qui aujourd'hui évolue en permanence n'est plus compréhensible de la part des agriculteurs, mais également de tous les administratifs qui nous encadrent."

À entendre vos échanges avec les agriculteurs locaux cet après-midi, la colère ne semble pas être retombée dans les rangs de vos adhérents qui dénoncent notamment des retards dans le versement des aides PAC ?

Autre sujet au cœur de vos échanges avec les agriculteurs locaux, l'enjeu crucial de l'eau, un dossier majeur dans le département avec le changement climatique et la multiplication des épisodes de sécheresse, une ressource pourtant indispensable à la production agricole, quelle est la position défendue par la Coordination rurale ?

"Nous à la Coordination rurale on défend le stockage de l'eau, pour ne plus laisser l'eau à la mer. L'agriculture a besoin d'eau et contrairement à ce que l'on peut entendre elle ne consomme pas plus d'eau que d'autres secteurs. Elle en consomme, mais elle en restitue beaucoup. Nous organisons d'ailleurs un grand colloque à ce sujet au mois de juin à Perpignan."

C'est également l'un de vos grands combats, la hausse du prix du GNR, que demandez-vous au groupe Total ?

"On demande un plafonnement du prix du GNR à 1€ le litre. Cela représente pour Total un investissement de 500 à 600 millions pour permettre l'accès au Gazole non routier à 1€ pour l'ensemble des agriculteurs en France. Cela peut paraître beaucoup. Mais pour le groupe Total ce n’est rien. Quand on considère les aides apportées par le groupe dans le cadre des économies d'énergies qui sont chiffrées elles à plusieurs milliards d'euros. L'agriculture si elle est d’intérêt général majeur, Total doit faire cet effort. L'agriculture stocke du carbone et cet effort-là mérite une compensation de la part de Total."

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Comptez-vous mener des actions dans les prochaines semaines dans le pays ?

"Beaucoup de nos agriculteurs vont être dans les champs ces prochains jours pour s'occuper de leurs cultures. Là, nos actions vont se concentrer auprès des députés par rapport à la loi d'orientation agricole où pour la CR le compte n'y est pas. La définition sur la souveraineté alimentaire elle ne correspond pas du tout à nos attentes. On ne peut pas avoir une sécurité alimentaire, qui vise la sécurité des citoyens français, mais pas en s'appuyant sur le marché intérieur de l'Union européenne et en respectant les accords internationaux. On ne peut pas voir dans cette définition apparaître la notion de biomasse. On veut nous encourager demain à produire des biomasses pour produire du biocarburant. Où est la vocation alimentaire ? Nous on aimerait que cette loi ne passe pas la 2e étape. Il faut reprendre tout à zéro et on va le faire comprendre aux députés."

E.R

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