Hautes-Pyrénées : « on ne fera pas ça tout seuls », un projet de relance coopérative pour l'abattoir de Bagnères-de-Bigorre

L'association de préfiguration coopérative, créée après la fermeture de l'abattoir de Bagnères-de-Bigorre en octobre 2024, tenait son assemblée générale ce jeudi. L'occasion de faire le point sur le projet de reprise de l'établissement. Une relance basée sur la coopération, les explications de Samuel Margué, coprésident de l'association.

Quels ont été les enjeux de cette dernière année pour se rapprocher d'une relance de l'activité de l'abattoir ?

Les difficultés sont nombreuses, le projet prend bien plus de temps que ce qu'on avait imaginé. Le premier travail à faire a été la remobilisation des élus, leur prouver la pertinence et l'utilité de cet abattoir. En parallèle, les services de l'État et la communauté de communes nous ont demandé de présenter un prévisionnel, qui a été fait avec le concours du CER, pour justifier la pertinence économique de l'outil. Le troisième chantier c'est de solliciter les utilisateurs et mesurer quel va être leur niveau d'implication, notamment en termes de volumes. C’est une étude qui a été réalisée par la Chambre d'agriculture des Hautes-Pyrénées et dont les résultats ont été présentés à la préfecture au mois de septembre.

Un projet qui compte donc sur la mobilisation des collectivités

Ce ne serait pas forcément obligatoire, c'est -à-dire qu'à l'intérieur d'une SCIC il faut trois collèges et pas forcément des collectivités. Mais l'idée c'est que ce soit un projet de territoire. On veut être les facilitateurs mais on ne fera pas ça tout seuls, ce n'est pas possible. 

L'objectif, c'est donc de convaincre les collectivités de participer dans les mos à venir ?

Parmi les arguments présentés aux élus, la filière ovine qui est une des particularités de l'abattoir...

Oui, il y a un abattage de bovins à Tarbes mais pas d'ovins. C'est au niveau des brebis qu'il n'y a pas d'abattoir, hormis à Luz qui fait un petit tonnage mais qui ne subvient pas aux besoins de l'ensemble du territoire. Bagnères-de-Bigorre est assez central. C'est sûr qu'on a cette force-là qui permet de justifier une relance. Et on préfère que Bagnères reprenne plutôt que d'installer une chaîne à Tarbes, ce serait aussi surcharger un outil, sachant que les abattoirs sont mis à mal notamment par le cours de la viande qui est très élevé en ce moment.

Et quid du fonctionnement financier de l'abattoir ?

Dans le prévisionnel on s'est basés sur les volumes que la Chambre d'agriculture a recensé, pour répondre à un service de proximité. Pour que le prévisionnel tienne la route, on a augmenté les tarifs pour aller jusqu'à peu près ce que paient aujourd'hui les utilisateurs de l'abattoir de Boulogne-sur-Gesse. Ça nous permet d'avoir un prix d'accueil assez élevé qui peut se justifier et s'entendre pour les éleveurs. Il faut savoir que sur aucun abattoir une chaîne ovine n'est rentable, elle est toujours compensée par une chaîne bovine. Mais pour nous qui avons une activité ovine particulière, la rentabilité se fait sur le prix. Et notre idée n'est pas forcément d'aller chercher des volumes, de courir après les grossistes. On pense qu'il ne faut absolument pas baisser les tarifs pour un utilisateur considérable mais plutôt conserver des tarifs hauts avec des utilisateurs multiples.

Quelles sont les conditions aujourd'hui de la réouverture de l'établissement ?

Il n'y a pas de difficulté majeure, hormis le froid qui est à réviser, c'est le plus gros, 700 000 euros. La chaîne ovine faisait l'objet de reproches de la part des salariés donc on fait une modification pour la rendre plus pratique. Pour pouvoir retourner la clé dans un sens les services de l'Etat demandent de remettre à neuf. Rien de considérable, globalement l'outil est fonctionnel puisque l'abattoir était plutôt bien entretenu, avec des investissements réguliers. En ce qui concerne l'implication des collectivités, la communauté de communes se dit favorable à la réouverture si, et seulement si, à l'intérieur de la SCIC plusieurs communautés de communes participent.

N.B

Crédit photo : Google Maps